Enchanté….

Nous sommes Peter Feenstra et Hans Kouwenberg, deux « jeunes hommes » qui habitent à Barjac, dans le Sud de la France. Avant d’arriver à Barjac, nous habitions à Nîmes (en ville) et à Ray-sur-Saône, au « Domaine du Bac », un bled entièrement restauré consistant de trois maisons, situées aux bords de la Saône. Les maisons se trouvaient sur une butte, heureusement, afin de rester au sec. Parfois nous étions isolés de la reste du monde quand une crue inondait notre chemin. Nous nous trouvions à 600 mètres du village de Ray-sur-Saône.

Nous parlons Français – comme Néerlandais, Allemand et Anglais – et nous étions bien intégrés dans notre ancienne région, la Bourgogne-Franche-Comté : nous ne sommes pas ce type de Hollandais qui s’installent quelque part sans parler la langue locale. Nous adorions le calme, le silence et la tranquillité de notre domaine. Depuis 2013 nous nous trouvions seuls au domaine, après d’avoir été terrorisés par un voisin qui ne semblait pas aimer les étrangers, ni les homos (alors, il n’était pas « fan » de nous deux !) ; heureusement nous avions pu le convaincre de nous vendre sa maison. Depuis, il n’y avait rien autour de nous qui pouvait nous embêter.

Néanmoins nous avons décidé de vendre le Domaine du Bac en 2022 ; une acte de vente a été signé le 14 octobre 2022. Heureusement les nouveaux propriétaires nous permettaient de rester au Domaine encore un petit moment, ce qui nous permettait de chercher une nouvelle maison en toute tranquillité.

Au lieu d’acheter une nouvelle maison nous avons décider de LOUER. Ça nous donne plus de flexibilité sans diminuer le comfort. D’abord, un appartement près de l’ancien centre-ville de Nîmes nous permettait de sortir en ville à pied : ce n’était que dix minutes à pied jusqu’à la fameuse « maison carrée » et aux Arènes Romains. Mais finalement, le bruit de la ville (et surtout le bruit des voisins dans l’immeuble) nous a chassé de Nîmes, et nous avons loué une petite maison ancienne à Barjac (Gard), où nous nous sommes installés le 22 Novembre 2023.

Le travail, pour nous, c’était notre entreprise « NoorderSoft », dont le siège social était au domaine : un lien Internet un peu « boosté » et une dizaine d’ordinateurs nous ont permis de développer un logiciel qui fonctionnait comme GPS pour les voies navigables de l’Europe. Beaucoup de nos clients passaient devant nos bureaux en bateau, par la petite Saône qui passait devant chez nous.

Début 2015, l’entreprise a été vendue. Pour Hans, cette vente marquait la retraite. Pour Peter, un diagnostique d’une leucémie maline a été suivi par un traitement lourd, avec une greffe de cellules-souches et deux années de rétablissement. Heureusement tout ça s’est bien passé, alors il a repris le travail (toujours en informatique) en 2019, avant de prendre sa retraite récemment.

Nous sommes amis depuis plus de 42 années, et nous espérons de rester ensembles pour les 42 années suivantes. Quand nous nous rencontrions, nous étions dans les « roaring eighties », comme vous voyez sur les deux photos de cette époque. Hans habitait sur une péniche aménagée, ce qui explique sa passion pour les bateaux. Cette passion a d’ailleurs beaucoup influencé nos choix dans nos vies : pendant nos premières vacances communes, nous avons navigué une petite pénichette sur le Canal du Midi sans que nous savions comment nous serions liés à la batellerie : quand notre boite était vendue, nous avions passé 35 des 40 ans soit DANS la navigation, soit fortement liés à celle-ci. Mais cette histoire n’était PAS une ligne droite !

Hans a étudié la Psychologie, après le bac, mais déjà pendant ces études il a commencé de travailler dans un théâtre, comme technicien. Ensuite, il devenait le responsable qui gérait les séries de spectacles que les troupes Américains, Anglais, Canadiens, Japonais, Russes et de toutes sortes de nationalités et de langues présentaient aux Pays-Bas, et en Europe. Après sept années il était embauché comme directeur dans un bureau d’imprésario Américain ou il travaillait pendant 2 années. Ensuite il était directeur-adjoint, puis directeur commercial de l’Académie des Beaux Arts d’Amsterdam, ce qu’il est resté jusqu’à 1990.

Peter a suivi une éducation de la formation sociale, et après quelques années dans cette secteur il a commencé une étude universitaire en Pédagogie. Encore étudiant, il était embauché par la Banque Postale pour sa connaissance d’informatique. Les informaticiens étaient rare, ces années, et il y a travaillé jusqu’en 1990.

Malgré nos bons boulots et nos grands salaires, le travail dans des grandes boites commençait à nous ennuyer. En 1990 c’était temps pour un grand changement, et …… nous avons acheté une péniche de transport, pour devenir MARINIERS !

Noorderzon

Tous nos amis étaient convaincus que nous avions devenu fous. Et même nous n’étions pas sûrs que nous pourrions gagner notre vie avec une péniche. Les premières années avec le « Noorderzon » étaient alors plein d’aventures, hectiques, parfois catastrophiques – avec des fuites d’eau, des pannes de moteur etcétéra – mais quand-même, nous avons toujours gagné assez d’argent pour nous nourrir et pour une bonne bouteille de vin. Et hors les pannes et les problèmes, c’était très agréable, la vie de batelier : on passe par les plus beaux jardins de l’Europe, à la vitesse d’un promeneur, mais avec sa maison « sur le dos », et on se trouve dans des endroits idylliques tous les soirs. Pas mal, hein ?

À bord d’un bateau, on travaille jusqu’à 19h00, en générale. Les soirées, pendant qu’on était amarré, nous faisions des essaies sur l’ordi, afin d’améliorer notre planning. Lentement notre logiciel était né. Jamais nous aurions pu nous imaginer que ce produit nous gagnerait beaucoup plus d’argent que le bateau, même plus que nos anciens salaires !

La navigation avec le Noorderzon a duré presque neuf ans.  C’était une belle aventure, qui nous a emporté pas mal de bons amis. Mais finalement Peter commençait d’en avoir marre – pas la navigation, mais les contacts avec les travailleurs dans les ports (souvent TRÈS désagréables) et avec certains mariniers hyper-conservateurs. Et il y avait le « seven year itch », l’ennuie de tous les sept ans. Nous avons alors loué un appart à Amsterdam afin de retourner à la terre.

Pendant les années suivantes, nous nous sommes dédiés entièrement au développement et commercialisation de notre logiciel. Le Noorderzon était vendu en 1999 à un transporteur de sable Français (il existe encore, sous le nom de « Saint Hélier »). Entre 2000 et 2007 nous avons vu un vrai « boom » dans les ventes de nos produits, et les revenus montaient tous les ans. Par contre, nous avons travaillé beaucoup trop (trop d’heures et avec trop de stress) et après encore sept années, nous avions de nouveau envie de changer.

Cette fois ce n’était pas le travail qui changeait, mais la domicile : Peter avait trouvé une maison à vendre, aux bords de la Saône. En Aout 2007 nous nous y sommes installés, à Ray-sur-Saône…..dans la région Bourgogne-Franche-Comté, éloigné de n’importe quelle grande ville et loin du bruit et du stress d’Amsterdam. Depuis Septembre 2007 nous sommes déjà des « émigrés » , alors !